L’arrivée au monde du prince Kuertil d’Osimor fut accueillie avec autant de joie que de tristesse, en raison du drame qui l’accompagna. Pendant les années précédentes, les efforts de la reine Ieffa d’Osimor pour concevoir un héritier étaient restés infructueux, et le bruit courait qu’elle était incapable de procréer. Cette rumeur fut démentie lorsque sa grossesse fut annoncée, déclenchant une vague de liesse parmi le peuple dénélien. Cela n’empêcha toutefois pas certains de nourrir des soupçons autour de ce miracle improbable, certains allant jusqu’à prétendre que la reine aurait eu recours aux services d’un mage noir. La reine mourut en couche alors qu’elle mettait au monde l’enfant destiné à devenir roi. Ce décès tragique ne fit qu’alimenter les sombres théories, et le peuple en colère exigea réparation, réclamant que le responsable de la mort de la souveraine soit jugé.
Baust, le frère cadet de la reine, fut désigné pour assurer la régence du royaume jusqu’à ce que le prince Kuertil soit en âge de monter sur le trône. Il commença par faire arrêter le médecin de la reine afin de mener l’enquête. Il apparut que celui-ci lui avait administré, à sa demande, une concoction alchimique censée remédier à son infertilité. Une telle potion n’était pas sans risques. Le médecin fut alors tenu pour responsable de la mort de la reine, et Baust ordonna son exécution publique afin d’assouvir la soif de justice du peuple. Malgré ces mesures, le scandale ne fit qu’accroître les craintes quant à une possible corruption de la lignée royale.
Peu de temps après la tragédie, le régent Baust annonça les dernières volontés de la défunte reine. Avant de rendre son dernier souffle, elle lui avait fait promettre d’assurer lui-même l’éducation de Kuertil, au sein de son propre peuple et de son propre clan. Cette décision allait à l’encontre des traditions fondatrices du royaume, qui, depuis toujours, confiaient les futurs rois et reines au clan Aulvarn et à la sagesse de ses druides. En apprenant la nouvelle, ces derniers envoyèrent un émissaire pour contester les agissements du régent. À leurs yeux, il était absurde que la reine ait souhaité rompre l’accord scellé lors de l’édification du royaume par Uthger d’Osimor. Ils exigèrent alors des preuves. Afin de prouver la véracité de ses paroles, Baust invoqua un ancien rituel oublié, le Pacte des Veins. Il prononça son serment devant trois Sentinelles sculptées dans les racines d’asteravein d’un lieu sacré : Ienna la Louve, Mirr la Taupe et Grahonn le Jar. Il veilla jusqu’au lever du jour, et ce furent bien les Sentinelles témoins qui restèrent le plus longtemps illuminées. Les druides présents ne purent alors que reconnaître que la volonté d’Eognus s’accordait avec celle du régent. Dès lors, nul ne put contester sa tutelle, pas même le clan Aulvarn.
Lors de sa régence, Baust joua un rôle crucial dans le renforcement du royaume. En tant qu’ancien commandant respecté de l’armée de Ieffa, il s’attela à améliorer les infrastructures militaires et navales, fortifiant ainsi la position du royaume sur la scène politique de Grimm. Baust tint promesse en se chargeant de l’éducation de Kuertil, veillant à ce qu’il soit imprégné des enseignements et des valeurs de sa mère défunte qu’il admirait tant.