L’an 209 AB fut une année teintée de drames pour la dynastie Osimor. Le roi Kuertil, alors âgé de 27 ans, attrapa la fièvre des marais. Après des jours de sueurs froides, de crises de délire récurrentes et d’un amaigrissement brutal, le souverain mourut dans son lit en moins d’une semaine. Alors que le royaume était en proie à la déroute, persuadé qu’Eognus les avait abandonnés au déclin, Igerna prit la parole devant tous ses sujets. Elle annonça que la lignée d’Osimor n’était pas encore terminée, car elle portait en elle l’enfant de Kuertil. Elle assura qu’en tant que reine consort, elle assumerait la régence jusqu’à l’arrivée à l’âge adulte de Eiriann. Ce prénom pour le futur roi ou reine était loin d’avoir été choisi au hasard, car il signifiait Espoir en denelaizh.
Mais l’espoir de sauver la continuité dynastique fut étouffé dans l’œuf. Berault, Le protecteur attitré de la reine, déjoua la tentative d’une sage femme d’administrer des concoctions abortives à Igerna. Celle-ci fut mise au cachot et interrogée, mais jamais elle ne révéla les noms de ses complices ni les raisons de ses actes. Après plusieurs semaines de captivité, on la retrouva morte dans sa cellule. Berault suspectant la présence d’autres traîtres dans l’entourage de la reine. Il réussit à la convaincre de s’isoler pour quelques temps dans sa résidence en territoire Hevott, le clan dont elle est originaire. C’est dans le petit salon de la maisonnée que l’on retrouvera les corps ensanglantés de Berault et de la reine Igerna. La scène était atroce : d’un côté le cou tranché de la reine, ainsi que plusieurs coups portés à son ventre, de l’autre une dague plantée dans le cœur du son protecteur fidèle. La nouvelle se répandit comme une onde de choc : en l’espace de quelques semaines, le royaume venait de perdre son roi, sa reine et l’héritier espéré. Ce fut au clan Aulvarn, les gardiens de la dynastie Osimor, d’enquêter sur le double meurtre. Leur conclusions portèrent sur un crime passionnel de la part de Berault, car la rumeur courait qu’il avait une liaison avec la reine. Ainsi après avoir été rejeté par la reine, celui-ci n’aurait pu le supporter et l’aurait tué avant de mettre fin à ses propres jours. Le commissaire aulvarne laissa même penser qu’il était possible que le regretté Eiriann était en fait le fruit de l’adultère et non un héritier légitime.
Le peuple fut consterné par la nouvelle. Les tensions montèrent, les clans se divisèrent alors que les dirigeants d’Aulvarn s’imposaient pour rétablir l’ordre au sein du royaume. C’est le cercle druidique d’Aulvarn, alors chargé de l’éducation royale depuis des décennies, qui furent les plus légitimes à sauver le royaume. C’est alors qu’ils fondèrent le Synode d’Aulvarn, chargée de juger les futurs prétendants au trône, faisant d’eux de véritables faiseurs de rois. Cette montée fulgurante au pouvoir du clan Aulvarn ne manqua pas d’éveiller les soupçons. Peu osèrent contester la version officielle des circonstances de la mort de la reine par crainte de représailles, mais des accusations voilées à leur encontre émergèrent. Elles stipulaient qu’ils avaient tout manigancé depuis le début, jusqu’à la mort du roi. Une autre théorie moins répandue raconte que ce serait en fait la défunte reine qui aurait assassiné le roi, dû à son origine Hevott et sa présumée relation extra conjugale.
C’est ainsi que se termina la Dynastie d’Osimor. L’autorité royale traditionnelle s’effondra, laissant émerger un pouvoir clérical. Cela ouvrit les portes au Défilé des Rois, une ère où l’idéal d’unité incarné par Uthger fut oublié. Les dénéliens connurent une succession rapide de rois et de reines issues de divers clan, plus ou moins liés à l’ancienne dynastie, cherchant tous à plaire aux hauts druides afin de conserver leur place sur le trône. Les complots entre prétendants et les conflits entre les clans devinrent monnaie courante, au grand détriment de la stabilité du royaume.