Le kheben fit son apparition entre 600 et 500 AB. Il était au départ une mesure d’un certain nombre de grains d’orge, dont la régularité de forme et de poids était pratique pour évaluer la justesse des échanges. C’est d’ailleurs de là que vient le mot « kheben », car il signifie « juste » ou « égal » en langue elfique, et était très similaire au mot « quebel » en petite langue.
Quand commencèrent les échanges commerciaux avec les nains et que les premiers filons furent exploités dans les montagnes de Kall’Jihyel, le poids du kheben fut transposé en petits lingots d’argent pour faciliter les échanges. Il n’était pas rare d’ailleurs que cette quantité d’argent soit transformée en petites sculptures ou en bijoux pour donner une plus value lors des trocs. Ce n’est que bien plus tard vers 400 AB que le kheben fut frappé en petites pièces afin d’éviter de devoir les peser, sa dimension et son épaisseur suffisant à prouver sa valeur. L’image poinçonnée sur la monnaie dépendait de l’artisan qui les concevait, représentant tantôt la rose aux aubépines de Gaela, l’arbre univers Sëko ou encore plus tard le Sénat de la Cité d’Albâtre. C’est d’ailleurs là bas que l’Édit de Pondération fût voté pour régulariser cette monnaie dans l’ensemble des communautés elfiques.
Les échanges monétaires furent alors favorisés au détriment du troc qui avait alors été la pratique courante au moins depuis le début du Berceau Elfique. Cela permit à la société elfique de sortir d’une économie de subsistance, favorisant l’émergence de professions telles que négociants, changeurs, courtiers, banquiers ou encore comptables. Le Sénat, garant de l’unité fédérale, s’érigea peu à peu en autorité centrale, arbitrant les litiges marchands, fixant les étalons de poids et sanctionnant les fraudes. La monnaie donna également une valeur aux choses qui autrefois n’étaient pas mesurables, comme par exemple la quantification de la valeur des œuvres d’art. Cette déviance morale bouscula les anciens dogmes, créant des désaccords spirituels aux seins des fervents fidèles de Gaela.
Le kheben ne manqua pas d’influencer les autres civilisations de Grimm. Elles développèrent leurs propres monnaies de leurs côtés, usant d’autres types de métaux et d’effigies liés à leur culture. On trouva par exemple le solmark chez les nains, ou encore le jure chez les dénéliens. Les petites gens, elles, continuèrent d’utiliser le kheben elfique, déjà bien implanté dans leurs communautés depuis des siècles. Ces diverses monnaies continuèrent d’être utilisées jusqu’au développement de la monnaie commune durant le Confinement en 27 PB.