En 471 AB s’acheva la première phase de la construction de la première ville sur la surface de Grimm, la Cité d’Albâtre. Le savoir-faire architectural des nains fut décisif dans ce chantier révolutionnaire. Cet événement marqua un tournant majeur dans le développement de la société elfe, ainsi que pour l’instauration de l’autorité du Sénat.
Depuis le Concile de la Châtaignière en 543 AB et la Déclaration du Droit Naturel en 519 AB, la confédération elfique avait connu d’importants développements et s’était déjà grandement éloignée de leurs traditions tribales. Les populations elfes, tant aylonael que vardael, se regroupaient dans des villages forestiers, formant des communautés toujours grandissantes.
Les relations commerciales avec les nains des Monts Benadhun se stabilisèrent, et ces derniers finirent par autoriser l’entrée à des émissaires du Sénat dans le cadre de missions diplomatiques. Les envoyés d’Aelom’Sehl furent frappés de stupeur lorsqu’il découvrirent l’impressionnante architecture de la cité d’Ashandhun, bâtie de roche superbement taillée. Lorsqu’ils rapportèrent à leur retour la majesté de ces édifices aux membres du Sénat, ceux-ci entrevirent la possibilité d’unifier encore davantage le peuple elfique autour d’un chantier de grande ampleur. Les discussions avec les Unions commencèrent alors, afin de négocier leur savoir-faire pour la construction d’une ville capitale pour d’Aelom’Sehl. Des artisans vardael reconnus furent missionnés pour se former en tant qu’apprenti auprès des artisans de l’Union des Bâtisseurs, afin d’apprendre les techniques naines.
Des éclaireurs furent envoyés aux montagnes Kall’Jihyel afin de trouver un lieu ou extraire les matériaux de construction. C’est ainsi qu’une carrière fut montée au pied des montagnes, proche du Nilk, sur un site contenant une grande quantité de granit blanc et d’albâtre. Le chantier de construction de la future capitale des elfes put réellement démarrer quand les premières pierres arrivèrent au lieu choisi, en grande partie extraites, taillées, puis acheminées par canots sur le fleuve par des esclaves orcs.
Le grand chantier qui donna naissance à la Cité d’Albâtre fut particulièrement semé d’embuches. Le site de la future capitale avait été désigné de longue date, dans une boucle de rivière du Nilk au milieu de la forêt de Drymvarden. On disait que ce lieu était autrefois un lieu de rencontre pour les Aelom, ce qui impliqua de convaincre les haut-prêtre des sanctuaires de Gaela qui étaient opposés à bâtir sur ce lieu saint. Certains trouvaient qu’une cité de pierre défigurerait la forêt, à moins de considérer l’œuvre comme un objet d’art à la gloire de Gaela. Ensuite plusieurs déboires entravèrent l’avancée des travaux : interruptions des acheminements de pierre sur le fleuve pendant la saison sèche, sol marécageux par endroit nécessitant de renforcer les fondations, découverte de racines d’asteravein qu’il était hors de question de couper… Les artisans elfes et nains s’empoignaient régulièrement, car les premiers favorisaient l’esthétisme des constructions tandis que les seconds prônaient des solutions plus efficaces et plus robustes.
Quand la partie centrale de la cité fut achevée en 471 AB, au bout de 40 ans de travail, une grande célébration fut organisée. Cette grande fête réunit tous les membres du Sénat, les plus grands maîtres d’art, ainsi que les chefs des anciennes tribus, venus sceller l’unité du peuple elfique autour de leur nouvelle capitale. Les membres des Unions naines furent également conviés et des elfes et petites personnes de tous horizons se joignirent aux festivités, même les esclaves eurent le droit d’y participer. Le monde eut ainsi l’occasion d’admirer la magnificence et le blanc pur des structures nouvellement bâties. Le noyau urbain comprenait déjà plusieurs habitations, mais surtout le palais sénatorial ainsi que le sublime temple dédié aux Aelom qui l’accompagnait. On dit que cette liesse populaire, qui dura plus d’un mois durant sans interruption, laissa résonner la joie d’innombrables elfes dans les rues de la cité, ainsi que dans toute la forêt de Drymvarden.
Les travaux se poursuivirent pour étendre la ville, et le quartier central fut réservé aux élites de la Cité d’Albâtre. Des quartiers d’habitation pour les populations plus modestes furent construits en périphérie et de l’autre côté du Nilk.
En tant que première grande ville à voir le jour sur la surface de Grimm, la Cité d’Albâtre devint un symbole de la puissance et de l’influence de la confédération elfique et, par là même, du Sénat. D’autres projets de construction de villes virent le jour par la suite, notamment Yasehl au bord de la mer alboréenne et Tarfiss à la pointe de Brizh’Sehl.
Cette longue collaboration avec le peuple nain permit d’établir des liens durables entre les deux cultures, qui multiplièrent les échanges sur les décennies qui suivirent. Ce n’est qu’à l’époque du premier royaume dénélien, autour des 250 AB, que les relations diplomatiques finirent par se désagréger jusqu’aux Accords de Fer.