Représentation
Symbole
Culte
Origine
Autour de 145 AB
Nom des pratiquants
Fidèles de la Croix
Représentants
Prêtre, Prêtresse
Type de croyance
Monothéiste
Divinité
Sans nom
La religion de la Croix vénère un dieu unique et sans visage, dont le culte se développa pendant le Confinement qui suivit la Brèche. Ses fondements viennent de l’interprétation de textes immémoriaux gravés dans la roche, et ses préceptes furent un refuge spirituel pour les sinistrés du cataclysme réfugiés sous les Monts Benadhun. La déité vénérée par les fidèles de la Croix transcende le principe même d’existence, ce qui le place au-dessus des dieux des autres religions de Grimm. Le culte a joué un rôle important lors de la Reconquête de la Surface avant de tomber en déclin après l’Émancipation.
Le culte de la Croix tire ses origines d’anciennes écritures gravées dans la pierre dans une langue totalement inconnue, qui avait comme particularité de se trouver dans des lieux reculés et difficilement accessibles, tels que des grottes ou des flancs de montagne. Ces tablettes existaient déjà bien avant le Berceau Elfique, et on ignore encore tout de la civilisation qui a pu les produire. Elles ont longtemps été considérées par les elfes comme porteuses d’un savoir perdu à jamais.
Ce n’est qu’à partir du règne du roi Arthegon en 147 AB, pendant l’Ère de Gloire, que des érudits ont commencé à se pencher sur la traduction de ces énigmatiques écritures. En tentant plusieurs approches expérimentales, et prenant pour référence les rares gravures comportant des illustrations, il fut découvert que ces écrits sont en réalité des réflexions d’ordre philosophique. Il s’agissait de réflexions profondes sur la nature de l’être, développant l’idée de l’univers comme un tout indivisible. Quand ces recherches devinrent plus répandues, on commença à voir apparaître des communautés marginales qui accordèrent un caractère sacré à ces écritures, comme si celles-ci étaient la parole d’un dieu dont on ne connaissait pas encore l’existence.
C’est pendant le Confinement que ce courant de pensée connut un véritable essor. Les écrits anciens avaient été consignés dans un précieux livre sacré, dont le nom de l’auteur avait été oublié. Aux traductions de gravures étaient mêlées des interprétations qui affirmaient l’existence d’un dieu véritable, tout puissant et sans nom. Les peuples réfugiés, encore traumatisés par les événements de la Brèche, cherchèrent pour beaucoup un réconfort spirituel en redirigeant leur foi vers ce nouveau dieu qui accordait une voie de rédemption à ceux qui pensaient alors avoir subi un courroux divin. Cette époque où la nécessité imposa une mixité culturelle entre les peuples favorisa l’émergence de cette religion qui n’avait pas d’ancrage racial, et fut popularisée par des rassemblements réguliers autour de prêcheurs charismatiques. Vers la fin du Confinement, le culte avait gagné le cœur de tant de fidèles que des églises au nom de la Croix avaient été bâties dans les souterrains. Un véritable ordre religieux avait vu le jour, dirigé par des personnes éminentes comme le célèbre Paul Dussain. Les plus fervents des fidèles s’engagèrent à dédier leur vie à protéger la Croix, en suivant un entraînement spécial pour devenir paladin par l’emploi d’un breuvage béni appelé la Rosée. Ce furent ces combattants zélés qui constituèrent en 38 PB les Légions de l’Aube, une faction puissante qui fut un soutien militaire de taille pour les anciens royaumes dénéliens lors de la Reconquête de la Surface.
Cette aide providentielle contribua fortement à asseoir la légitimité du dieu de la Croix, au point de parvenir à convertir le roi Denavarr de Larth lors de son intronisation en 61 PB. C’est suite à cela que les croyances de cette nouvelle autorité religieuse se durcirent et que l’église de la Croix se donna pour mission de purger le peuple de ses péchés en interdisant l’exercice de tout autre culte. Ce fut l’avènement de l’Inquisition, qui mena une furieuse chasse aux hérétiques ainsi qu’aux adeptes de la sorcellerie qui étaient accusés d’avoir causé la Ruée de Morts quelques années plus tôt. Les inquisiteurs étendirent leur influence sur l’ensemble des États vassaux de Larth ainsi que dans le royaume de Saûne pendant l’époque de la Terreur, et fut l’objet de la rébellion qui mena à l’indépendance d’Abradhiorn en 81 PB.
Afin de renverser cette tyrannie, une révolution fut menée par un membre dissident de la famille royale : Sargisnold, le demi-frère du roi. À la fois apprécié du peuple meurtri et soutenu par la bourgeoisie, il parvint à convaincre une partie de la noblesse pour détrôner Denavarr. Ce coup de théâtre entraîna le déclin de la Croix, qui avait déjà perdu la confiance du peuple qu’elle opprimait. Sargisnold s’éleva alors en prônant un avenir dénué de fanatisme délétère, et engagea des perspectives nouvelles lors de l’Émancipation. L’Ordre de la Croix fut ensuite banni presque partout sur le continent de Grimm, mais resta vénéré en cachette par certains dévots pendant l’Équilibre.
Les grands principes religieux de la Croix sont issus de gravures rupestres découvertes dans des lieux reculés et difficilement accessibles qui sont devenus ensuite des lieux de pèlerinage, tels que des grottes sur des flancs escarpés. Ces énigmatiques inscriptions d’une langue inconnue étaient supposément porteuses d’une sagesse millénaire et intriguèrent les érudits qui parvinrent à les traduire.
On découvrit dans ces écrits des essais philosophiques qui défiaient les concepts même de l’existence. Une grande question récurrente résonnaient avec une profondeur singulière : “Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ?”. Cet adage très repris par les penseurs durant l’Ère de Gloire devint la base de la religion de la Croix, qui dans ses interprétations des textes sacrés apporta une réplique à cette question fondamentale: “En sa volonté, nous trouvons réponse”. Le dieu de la Croix représentait donc le dessein primordial qui se cache derrière l’existence, et se présentait comme un être suprême et omniscient. Sa volonté divine ne pouvait être mise en doute, car il est la clé de la compréhension du monde. C’est cette clé qui fut symbolisée par une Croix dans l’iconographie du culte, mais il était défendu de représenter ou de nommer directement le dieu. Toute interprétation frivole de son être divin serait factice par essence, et relèverait du blasphème.
Les premiers fidèles de ce culte étaient souvent des marginaux, considérés comme des illuminés avant l’arrivée de la Brèche. Le traumatisme du cataclysme accentua la ferveur des fidèles du dieu de la Croix, au point de nourrir une forme d’hostilité envers les autres religions. Ils prônèrent leur déité en tant que seul dieu véritable, vénérer une autre divinité reviendrait donc à se contenter d’adorer l’ombre de sa perfection.
Une histoire concernant la Brèche fut largement rapportée par les prêcheurs des souterrains, qui présentent le cataclysme comme une punition divine. La déchéance des mortels s’entretuant durant la Grande Guerre aurait contraint Dieu à abattre son courroux. Mais ce n’était pas par simple cruauté que le dieu infligea cette pénitence, mais pour offrir aux hommes et aux femmes une voie vers la rédemption. En s’unissant contre la menace des engeances, les fidèles avaient l’opportunité de s‘élever ensemble vers la vertu qui sauverait leurs âmes.
Le chemin de la vertu et du pardon pour les adeptes de la Croix passe par un certain nombre de valeurs morales, à commencer par sauver toute vie qui peut l’être, corps et âme. En suivant ce précepte, les fidèles de la Croix ont beaucoup contribué à rendre la vie dans les camps de réfugiés plus supportable en offrant une main secourable aux plus démunis. C’est aussi par ce biais qu’ils parvinrent à rallier à leur église de nombreux malheureux reconnaissants, ce qui aux yeux des suivants de la Croix était le moyen de venir au secours de leur âme.
Un des piliers fondamentaux des préceptes de la Croix réside dans le rachat de ses péchés, afin de gagner le droit de vivre dans la lumière. Le fardeau commun représenté par la Brèche imposa une radicalisation des valeurs des croyants qui, à l’instar des elfes de Kluzze, se mirent à considérer l’occulte et la pratique de la magie comme une hérésie envers le dessein divin qu’il faut endiguer absolument.
Pendant le Confinement, les représentants de la Croix ont parcouru inlassablement les galeries souterraines afin d’offrir le salut aux âmes égarées des différents refuges. Alors que beaucoup s’efforçaient de trouver un sens à leur malheur, la sagesse des textes sacrés fut reçue avec grande attention. Cependant, face à la persistance des anciens cultes, les missionnaires durent adapter leur discours en incorporant les croyances traditionnelles dans leur discours. C’est ainsi que deux courants mythologiques intégrèrent la déesse Gaela et le dieu Eognus aux doctrines de la Croix, dans le but de proposer une voie de conversion plus douce aux peuples des souterrains.
Le premier mythe décrit la déesse Gaela et le dieu Eognus comme des fragments reflétant le grand dessein de dieu, comme s’ils n’étaient que les éclats d’une vérité trop vaste pour être comprise par le commun des mortels. Limités par leur perception, les peuples n’avaient jusque-là pas les moyens de concevoir l’unité du dieu de la Croix. De ce fait, les anciennes divinités vénérées n’étaient en réalité que d’infimes émanations d’une déité autrement plus grandiose. Eognus et Gaela étaient donc, selon cette définition, réduits à des concepts constituants de la sagesse de dieu : l’amour paternel pour Eognus, et l’amour maternel pour Gaela.
La seconde version du mythe n’est pas contradictoire avec la première, mais les esprits plus traditionnels eurent nettement plus d’attrait pour elle. Elle présente les anciens dieux comme des instruments divins d’un être qui les transcende. Eognus et Gaela furent alors dépeints comme des archanges investis d’une mission au nom d’un dieu tout puissant. Eognus était l’ange de la Mort et le porteur de Conscience, qui en apportant une finitude à toute chose accorda aux mortels le moyen de discerner le bien et le mal. Gaela, l’ange de la Vie, était la porteuse du Souffle qui inspire les émotions les plus profondes et dote les mortels du pouvoir d’aimer son prochain. Lorsque Dieu invoqua la Brèche pour mettre fin à la décadence de la Grande Guerre, les deux archanges sacrifièrent leur essence afin d’épargner les peuples de Grimm. C’est cet acte miséricordieux qui offrit aux survivants de la Brèche l’opportunité de trouver une voie vers la rédemption.